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TOUCHEATOUT
31 août 2011

Abderrahmane Zenati...Mémoire vivante d'Oujda

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A travers ses nombreux ouvrages,Abderrahmane Zenati reste le fidèle gardien d’une mémoire d'Oujda qu’il veut absolument garder vivante.

C'est avec Les cigognes reviendront-elles?, son premier ouvrage écrit en langue française et paru en 1994, qu'Abderrahmane Zenati  s'est fait connaître au grand public. Depuis, il à  beaucoup écrit sur différents sujets et particulièrement sur Oujda, Il a écrit beaucoup sur les hommes et les femmes de sa ville natale... Sur les riches et pauvres, les érudits et les ignorants... Les résistants au joug du colonialisme et les traitres à toutes les causes de la nation... Bref, avec sa plume, il évoque presque tous les événements qui ont marqué cette ville qu'il aime tant...

 

 

 

 

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Extrait:

 

"...J‘étais un enfant abandonné... A l’âge de l’alphabet, je vivotais dans l’enfer de la rue avec mes petits compagnons de d'infortune. Nous étions tous orphelins de père, de mère ou des deux. Bercé par mes illusions de liberté et d'insouciance, je n'avais aucune conscience des réalités de la vie et du mauvais tour que me jouait le destin... Pour survivre, je mangeais n’importe quoi trouvé dans le fond des poubelles. Pieds nus, cheveux ébouriffés, sale et couvert de poux, vêtu de haillons : pantalon trop grand, maintenu par deux bouts de ficelle de chanvre en guise de bretelle, tricot emmaillé aux coudes, hérité de quelques gosses de la rue, l’allures d’insecte, j’avançais au gré de mes pas, sans savoir vraiment où j’allais…

Je n’avais pas encore mes sept ans et j’ai été mâché, remâché et craché ensuite comme une bouchée fade… Mes orteils étaient ulcérés à force d’avoir marché pieds nus. Mon corps était mortifié a force d’avoir dormi dans les fossés… Mes intestins étaient rongés par les maladies de toutes sortes à force d’avoir manger des miches de pain rassis toutes recouvertes de moisissures, de boue et de fiente d’animaux… La tête enfoncée dans les épaules, le dos voûté, les poings serrés, toujours aux aguets, je ne faisais que courir, halluciné, incapable de comprendre, incapable de raisonner. Je ne pensais qu’à survivre.

Je me revois maigre comme une libellule, cheveux en broussaille et pieds nus… Je portais constamment un vieux pantalon de couleur indéfinissable, rapiécé, troué aux fesses, déchiré aux genoux… Je revois cette éternelle chemisette largement échancrée sur ma poitrine proéminente de volatile. Accablé, sous le poids de la solitude, j'avançais comme un automate en tâtonnant dans la vie. J'allais au gré de mes fantaisies, de rue en rue, de terrain vague en terrain vague...

Ce qui ne tue pas fait grossir. Même si mes orteils étaient ulcérés à force d’avoir marché pieds nus. Même si mon corps était mortifié a force d’avoir dormi dans les fossés. Même si mes intestins furent rongés par toutes sortes de maladies à force d’avoir mangé du pain rassis tout recouvert de moisissures, de boue et de fiente d’animaux, à force d’avoir consommé de la charogne où pullulaient les vers et d’avoir bus l’eau infestée des marécages, je prospérais, cependant j’ai grandi et étais devenu un robuste petit garçonnet sec et basané comme ceux de ma race. De ces gens de la steppe, je possédais déjà l’agilité du serval, l'élégance, la sveltesse, et la vélocité de la gazelle. J’ai acquis vite l’adresse manuelle et la résistance, mais mon regard sans arrogance, ma docilité et mon goût au travail en faisaient un être diffèrent de mes compagnons de mauvaise fortune.

Et le temps passait, jour après jour, soleil après soleil, printemps après printemps... Rien ne changeait pour moi. Il me semblait que les fleurs sauvages renaissaient aux mêmes endroits, en ressemblant à celles des années précédentes. Le temps passait… Qu'était le temps pour un enfant qui vivait dans la rue avec toutes ses souffrances, ses misères et ses peurs, loin des siens ?

Qu'était le temps pour un enfant qui n'avait pas la chance de manger à sa faim, de dormir près de sa mère, confiant et en sécurité ? Qu'était le temps pour un enfant qui n’avait pas la possibilité, comme d'autres enfants, d'aller à l'école ?..."

 

 

 

 

 

 

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